Matière à construire

Christine Leconte est architecte urbaniste et a été élue en juin 2021 présidente du Conseil national de l’ordre des architectes. Sa vision de l’architecture interroge fondamentalement le lien entre la ville, l’habitat, les citoyens avec la volonté d’être « un architecte aidant qui va améliorer la vie des gens et leur faire du bien ». Pour Christine Leconte, exercer son métier d’architecte urbaniste implique de fabriquer du lien, de faire cohabiter la nature et les hommes et, face à la pénurie de ressources et l’urgence climatique, de faire mieux avec moins et de redécouvrir les matériaux du territoire et les artisans locaux. Dans cet épisode, il est aussi question d’abandon. Car oui, face à l’étalement urbain, il va falloir accepter d’arrêter de construire pour préférer la rénovation et transformer les bâtiments existants en ressources. Et si l’ouvrage qu’elle a coécrit avec Sylvain Grisot s’intitule « Réparons la ville », ce n’est pas un hasard.

Co-fondateurde Time for the Planet, Arthur Auboeuf dégage une énergie positive qui fait du bien. Avec ses associés, Arthur est convaincu que les entreprises sont un formidable outil pour changer la donne. Alors qu’il nous reste peu d’années pour inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre, les entreprises ont les moyens et la puissance de transformer les choses à grande échelle. « Pour vraiment changer de modèle, il faut s’appuyer sur ce qu’il y a de plus puissant, à savoir l’argent, les entreprises, le marketing ». Concrètement, Time for the Planet propose à toutes les personnes qui le souhaitent de devenir actionnaires à partir d’un euro. « C’est un crowdfunding géant pour financer des innovations qui participent à la décarbonation de l’économie. » La rupture importante réside dans la création d’un dividende climat qui conditionne la réussite et la performance de l’entreprise. « C’est vraiment un changement de paradigme qui marie écologie et économie avec un actionnariat qui réfléchit différemment. »

Damien Patriarche, l’architecte augmenté L’architecture, il est tombé dedans petit avec un grand-père et un père dans la partie. Pourtant, il n’est pas venu tout de suite à cette discipline et s’est offert un petit détour par l’ESTP avant d’être diplômé de l’Ecole Spéciale d’Architecture. Il a dû alors faire ses preuves, se faire accepter par les briscards, avancer avec humilité tout en infusant des façons de procéder différentes et en faisant appel à des profils aux talents multiples… d’où l’idée de l’architecture augmentée. Mais derrière cette pluridisciplinarité, un mot d’ordre perdure chez Patriarche : le Bon Sens Paysan (BSP) ou comment un projet se doit de prendre en compte l’ensemble de son environnement et être encore viable bien des années plus tard. Dans ce podcast, il est aussi question de transmission, de rencontres, d’intuition, d’émotion… et aussi de fierté. Celle par exemple d’avoir conçu l’Arena Futuroscope et d’être partie prenante dans la rénovation de la cathédrale Notre-Dame de Paris ; c’est peut-être cela le double effet du BSP : une signature atemporelle.

Emmanuelle Larroque partage avec nous son engagement aux côtés des femmes, de toutes les femmes, quels que soient leur âge et leur parcours, pour les accompagner sur la voie professionnelle dans le domaine du numérique. Fondatrice de Social Builder, elle favorise avec ses équipes la mixité et l’égalité dans les métiers du numérique et l'entrepreneuriat. Comment redonner ou donner envie aux femmes d’aller vers la tech, comment favoriser les rencontres entre les entreprises et les femmes, faire correspondre les besoins et permettre à tous les imaginaires de s’exprimer parce que décidément, pour Emmanuelle, le digital est un environnement propice à la création et extrêmement stimulant… Si vous voulez prendre une bouffée d’énergie et d’optimisme, écoutez ce podcast d’une femme entrepreneure pour qui « rien n’est impossible quand on est connecté à ce que la vie nous présente ».

Quand on demande à Patrick Jouin, designer français, une définition du design, la réponse est limpide : « c’est cette capacité à inventer quelque chose pour nos besoins. Il n’y a rien de plus noble, de plus normal, dans le métier de designer, que de s’occuper non pas du désir, mais du besoin. Le design, c’est humain ». Voilà une belle entrée en matière avec un homme passionnant, d’une très grande humilité, qui va puiser aussi dans ses racines pour nous raconter comment lui sont venus le goût du design et l’envie d’en faire son métier. Patrick Jouin est notamment une signature dans le domaine du mobilier urbain. Avec son équipe, il va designer le mobilier des 68 gares du Grand Paris Express et travaille de concert avec une équipe pluridisciplinaire, retenue après appel d’offres par la Société du Grand Paris, pour offrir de nouveaux espaces, ilots de pause, dans le flux des nouvelles mobilités urbaines. Il nous parle aussi de ses rêves, de ses envies… et de conclure : « ce que j’aime beaucoup, c’est les surprises. » Pour Patrick Jouin, ce qui compte avant tout ce sont les rencontres. C’est la dimension humaine d’un projet. À votre tour, ne passez pas à côté de cette très belle rencontre. Ecoutez ce 4e épisode.